équation

III.

Soit un modèle de voyage à partir duquel déduire tout les voyages possibles. Il contient tout ce qui répond aux normes. Comme les voyages effectués s’éloignent à des degrés divers de la norme, il suffit de prévoir les exceptions à la norme et d’en calculer les combinaison les plus probables.

Soit un voyage qui ne soit fait que d’exceptions, d’impossibilités, de contradictions, d’incongruités et de contre-sens. En abaissant le nombre des éléments anormaux, la probabilité grandit que le voyage existe véritablement. Par conséquent, plus on soustraie des exceptions du modèle, plus l’on aboutit à un voyage qui, quoi que toujours par exception, existe. Mais l’on ne peut pousser l’opération plus loin qu’une certaine limite : l’on obtiendrait des voyages trop vraisemblables pour être possibles.

IV.

d’où il apparaît que de la même manière que le bruit de l’arbre tombant dans la forêt

il n’est pas nécessaire qu’il y ait voyage pour qu’il y ait récit

que tout voyage peut être, doit être, est d’abord métaphorique et donc

que son récit est nécessairement métaphysique parce que dématerialisé

que les mots sont plus réels que les pas, mais moins que les expériences

qu’il y a plusieurs niveaux de lecture

que tout voyage est indicible s’il n’est pas transformé

que la plupart de ces transformations sont involontaires mais nécessaire

que tout voyage est avant tout une excursion peu contrôlée dans la fiction et donc

que tout récit de voyage est nécessairement une fiction

que la fiction est la trame même de la réalité pensée et

qu’en tant qu’être pensants nous sommes tous fictionels

que tout voyage (intérieur, extérieur, astral) est avant tout expérimentation du monde et

qu’avant d’être voyage, il est d’abord récit en puissance

et donc espace fictionel de liberté autonome mais pas forcément autosuffisant

que la poésie est un voyage comme un autre

qu’il peut être compris sur plusieurs plans et ne pas être compris

qu’il importe peu d’ailleurs qu’il soit compris

que ce texte est un bricolage parce

que l’exploration des structures du langage est l’exploration des structures de la pensée

que l’exploration du langage passe par le langage

comme l’exploration d’un territoire passe par l’expérience de ce territoire donc

que tout est contextuel et

que ce n’est pas un hasard

le voyage est une dépense

qu’on peut ne pas être forcé et faire des voyages

qu’au contraire on peut être forcé de voyager et ne pas vouloir faire le voyage

il faut se méfier